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Contestation

Copyright Sâdhana

Le traité des trois imposteurs

G. Minois - Albin Michel - 2009 - 328 pg

Après avoir recensé ce fameux traité selon la version Spinoza (voir NdL), je me suis attaqué, avec autant d'attention soutenue, à l'historique de celui-ci ainsi qu'aux Minois de ses divers auteurs présumés. Avec méthode et rigueur, l'auteur a mené un travail de recherche digne d'un bénédictin (près de 20 pages de Notes annexes avec tableaux chronologiques) pour retracer genèse, évolution et destinée d'un ouvrage pamphlétaire aux relents sulfureux qui s'attaque ni plus ni moins aux fondateurs des trois religions monothéistes, religions dont le but inavoué est de leurrer les peuples, tout en s'affirmant chacune meilleure que les deux autres. Alors pourquoi cela ? C'est ce que ce livre blasphématoire, attribué en premier chef à Frédéric II de Hohenstauffen, tente de prouver même si son existence n'est pas sûrement établie en dépit des multiples rumeurs qui ont circulé sur ses différentes versions au fil des siècles. Evidemment, imposer de croire sans comprendre s'est révélé être la merveilleuse entourloupe de clergés omnipotents qui ne voyaient pas d'un bon oeil (celui de Caïn, peut-être) la libre-pensée pesant le pour et le contre afin de se dégager résolument de la peur et de l'ignorance (mère de la dévotion !), piliers incontestés de la tyrannie religieuse à l'obéissance coercitive. Car à l'imposture religieuse est venue s'adjoindre celle politique du soi-disant droit divin des monarques, papes, ayatollahs... arguant que la religion est une nécessité politique voulue par Dieu ... en personne et s'en servant abusivement et fallacieusement de 5 façons différentes. Des prémisses de l'Antiquité, des 13è jusqu'au 18 è siècles, du Portugal à la Scandinavie en passant par France, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne... nous sont relatés, tribulations, hypothèses, spéculations, atermoiements, condamnations, récusations, manipulations, soutiens ouverts ou discrets, enjeux et dommages collatéraux du De Tribus, culminant par la version de Benoît (Baruch) de Spinoza avec force d'acteurs de premier et second plan, hérétiques ou non, socianistes en prime. Dans cette galerie de portraits, des noms célèbres on croise Celse, Avicenne, Maïmonide, Bader (pas celui de la fameuse bande à ..!), Boccace, Dante, Lulle, Machiavel, Bruno Giordano, Pucci, Cardano, Étienne Dolet, Vanini (sans Vanina !!), Voetius, Servet, Gruet, Postel, Hobbes, Bacon (pas celui du Breakfast !!), Huyghens, Toland, Boulainvilliers, Marchand (pas le compositeur), Mortier, Holbach, Voltaire (et son Mahomet récemment interdit de représentation en Allemagne), Bossuet (hé, hé même l'aigle de Meaux !)... J'y ai appris qu'un certain Collins Anthony (et non Phil !!) est le fondateur de la Libre-pensée. Alors ce Traité, fustigeant l'incohérence du Pentateuque, le rejeton de Myriam, la coiffeuse et de Panthera le légionnaire romain, la fourberie légendaire de Mahomet, réalité ou arlésienne ? Le mérite de l'auteur est d'avoir prouvé que les efforts pour se dégager de l'obscurantisme ecclésial (dénoncé par le Nom de la Rose) ne date pas de la IIIè république et de la séparation de l'église et de l'état, mais avaient déjà des ferments générateurs tant dans la république athénienne que dans le siècle des Lumières. Complément indispensable à l'ouvrage sus-cité.

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