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L'islam et la raison

Ah, cher Malek, que vos livres, prônant la modernité modérée de l'Islam, font du bien à ceux qui n'y connaissent rien du tout, n'y voient que du terrorisme aveugle ou de la croyance archaïque en fonction des clichés-archétypes multi-séculaires !! Vous montrez comment la succession du Prophète a engendré moult scissions dont la principale est celle entre chiite et sunnite, mais vous révélez à bon escient qu'il en a existé une toute aussi importante entre mu'tazilites, ces séparatistes privilégiant l'ijtihad (aux 4 aspects p. 146) dans l'effort critique d'une étude personnelle et Karidjites (avec toutes les luttes intestines y découlant), sans compter autres hanbalites, hanafistes, malikistes, chafé'istes, wahabites... mektoub quelle kalam... ité !!, mis à part les soufistes, ces laineux entre sagesse et gnose, aux fort nombreuses tariquâ. Alors qu'est cet homo islamicus ? Est-il frileux et peu porté au changement et à la remise en question, eu égard à la dévotion aux saints musulmans dûment canonisés p 71, tout en suivant respectueusement sans fioriture les 5 piliers de l'Islam dans un esprit laïc d'apaisement (autre interprétation d'aslama mot-clé d'Islam :" entrer en paix " p. 108), est-il encore inspiré par ce fameux esprit de Cordoue " l'Aufklärung " comme vous le citez, en parlant de Hussein Taha p. 135, sachant faire la différence entre religion et raison ou enfin est-il un pur et dur, radical dans ses idées comme dans son comportement, brandissant le Jihad comme seule solution à l'encontre des mécréants en utilisant au paroxysme les passions religieuses ?? Vous rappelez fort justement le rôle précurseur d'Atatürk dans le processus de laïcisation d'un état inféodé aux religieux, qui devrait inspirer la majorité des états encore sous un joug religieusement insupportable (au vu de la " Loi d'Allah, loi des hommes " de la séduisante Leila Babès rencontrée in corpore au Salon du livre à Paris). Connaissant quelque peu la civilisation arabo-andalouse qui donna Avicenne, Averroès (et Maïmonide ne l'oublions pas dans ce grand élan des " lumières "), je me suis plongé avec délectation dans votre ouvrage qui corrobore ce que Caratini " l'Islam cet inconnu" n'a cesse de répéter : ne pas confondre Islam et civilisation arabe, n'est-il pas vrai ?? J'y ai retrouvé Avempace, Alfarabius, Omar Khayyam, Alchoarismus, Ghazali, Rhasès, Albatenius, Ibn Khaldoun, Abbubacer, mon vieux copain Rûmi, Suhrawardi... et découvert un Saddiq (inspirateur des féroces janissaires, je présume !!?) mais je suis étonné de l'absence d'Arkoun, Esack, Soroush, Al Afghani, Abduh, et bien d'autres contestataires qui ont tenté, parfois au prix de leur vie, de faire évoluer un Islam statique et sclérosé, même si j'ai beaucoup appris sur les personnages qui ont controversé l'Islam dans son optique coercitive. Vous dénoncez avec justesse les Frères musulmans dont Tariq Ramadan, petit fils d'Al Banna, leur fondateur, fait médiatiquement beaucoup parler de lui... avec son " aux sources d'un renouveau musulman " fort contestable pour le moins. Vos 63 pages sur les auteurs de la controverse sont une mine de renseignements précieux; votre glossaire serré en 7 pages est un des plus pertinents que j'ai rencontré. Petites notes d'humour: Jabir Ibn Ayyan p. 193 était-il un précurseur de Landru... avec son livre des fourneaux et Tabari p. 233 avait-il déjà pensé à Iznougoud !! Indispensables-Islam pour montrer que, même au 21 siècle, Islam et libre-pensée ne font pas bon ménage en dépit des efforts de certains " égarés ", comme le dirait Maïmonide dans son guide !! Alors l'Islam, est-ce bien raisonnable... ?? L'avenir le dira inch Allah .

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