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Bouddhisme

Copyright Sâdhana

Bouddha historique (le)

Schumann H-W. - Sully - 1999 - 312 pg

Que je regrette cette traduction si tardive de cet excellent livre, « remettant le pipal au milieu du Vihara », écrit en 1982. Top Ten et Indispensables en font foi. De Bacot à Thich Nhat Hanh en passant par Barreau, Brosse, Carrus Conzé, Dreyfus, Foucher, Frédéric, Grousset, Hérold, Ikeda, Masson, Migot, Naudou, Ribas, Silburn etc. les auteurs qui ont relaté la vie et le message du Bouddha sont légion. Je connais que trop bien les pièges d’un attachement immodéré à restitution et conformité historiques. Donc loin des proses littéraire, érudite, pédante et dithyrambiquement poétique, le présent ouvrage fait œuvre de référence par la méticulosité chronologique qui est sienne. En six périodes successives l’auteur retrace fidèlement pas à pas le par-cours de Gotama, de sa naissance à son paranirvâna avec deux parties réservées à sa doctrine et à ses aspects psychologiques. Débutant avec la description de l’environnement géo-politique et religieux pré-existant, nous découvrons au fur et à mesure le Bouddha sous un jour fort réaliste dans un cadre de vie directement en prise aux intrigues humaines, politiques comme religieuses. De sa jeunesse, sa quête de la Vérité et de son illumination, le lecteur apprendra une foule de choses, restituées dans un contexte plus véridique que celui narré dans les récits « façon légende dorée ». Le Raja (et non roi) Suddhodana, son père en est le premier exemple. Vous apprendrez les péripéties de l’arbre de Bodh-Gaya et ses multiples bouturages, vous ferez la distinction entre les références historiques et les « enjolivures » d’une tradition orale qui ne se vit écrite qu’au 1er s. de notre ère, avec tous les aléas possibles dus à la mémorisation des textes. Alors, ce Bouddha, ça vient..? Oui, mais pas for-cément celui auquel on s’attendrait. On le voit dans son réalisme de plus ordinaire, tour à tour chercheur, ascète forcené, assis (sans té !), grand itinérant, instructeur loquace et sélectif, habile tacticien, révolutionnaire tout en étant figé dans certains aspects fort conservateur, paisible comme très véhément, imbu de lui-même à en devenir même hautain, (cf : Le parfait du Samyutta Nikaya), enfin, chose surprenante irascible… L’on découvre avec stupeur qu’il s’auto-proclama Bouddha, que la succession ne fut pas donnée à un disciple en particulier, mais se pérenna sans « certification » précise en étant transcendée dans et par le Dharma, renversant ainsi moult idées reçues sur l’apanage de Mahâkassyapa (l’unique détenteur), premier des successeurs notamment revendiqué par le tout le Mahâyâna, Ch’an et Zen en particulier. On y apprend que ce disciple n’était pas des plus amène avec la sangha monastique et que, peut être, vu cette rigidité confinée au paroxysme, il ne l’emporta pas sur les autres arhants comme moult fois raconté. Des passages fort instructifs concernent la position du Bouddha face à une sangha féminine pour laquelle il n’avait certes pas les yeux de Rodrigue considérant celles-ci comme causes de tentation et de perdition de ses protégés, - les rivalités « sectaires » existantes entre les différentes écoles spirituelles et religieuses, - le missionnariat auquel il incite ses moines dans le Mahavamsa, pas si éloigné d’un autre fort près de chez nous (le sien ayant duré 45 ans cf. le tableau de la p.199). Nous apprenons avec stupéfaction toutes les subtilités des mécanismes d’intrigues monastico-royales, donation-mérites à l’appui pour s’attirer mutuellement les bonnes grâces face à dénigre-ment de rivaux qui tentèrent de discréditer le bouddha et ses samanas accusés de spéculations purement intellectuelles. En fait, ce grand mystique dont la force était d’inspirer confiance aux gens, lui permettant ainsi de délivrer un message éminemment salutaire pour ses semblables, s’inscrit dans la Sagesse Universelle. Ne recommandait-il pas lui-même dans le kalama sutta « ne mettez pas votre con-fiance dans la personne de l’enseignant, mais bien plus dans l’enseignement » ? Ce livre témoigne enfin d’une certaine disparité entre l’image idéalisée de Gotama et la véritable réalité historique. A part, 4 cas de mort due à des vaches enragées (elles n’étaient pas folles encore à l’époque !), seuls quelques points de détails tels que l’inversion de signification entre metta et karuna, et la décision au lieu de la pensée juste dans le Noble sentier pourront faire tiquer le puriste. En conclusion, quitte à me redire : découvrant la réalité ordinaire d’un homme qui parvint à délivrer un des enseignements les plus magistraux de la Sagesse, le lecteur prendra conscience de l’importance phénoménale du Bouddha dans l’histoire de l’évolution spirituelle de l’Homme: superbe ouvrage la référence en la matière, un MUST afin que toute personne intéressée par le Bouddhisme intéresse ne périclite pas dans des illuminations aveuglées et extravagantes et que tous les « shootés au lotus » reprennent contact avec la réalité toute « ordinaire » du Bouddha, l’Homme qui enseigna à l’homme comment se libérer de sa Souffrance.

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