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Lumières sur la voie du Coeur
Quel programme, cette voie du Coeur ! Dans cet excellent dossier panoramique,18 intervenants, spécialistes de haut niveau, essaient de nous éclairer sur ce sujet, ô combien cordial ! Certes, toutes les rubriques sont intéressantes et parleront plus ou moins à ceux qui s'y intéressent ou se sentent concernés. De la tradition osiriaque à Shamballa, divers courants religieux où le Coeur joue un rôle primordial sont étudiés. De la Table d'Emeraude aux tantras tibétains en passant par Tanak, Bible, Coran, védas, upanishads... , vous découvrirez comment, dans ces différentes traditions, le coeur est défini, perçu, considéré enfin comme noyau opératif de tout être ayant de la droiture dans et par celui-ci; et l'on ne s'étonnera pas de trouver quelques analogies épistémologiques entre Islam et Vajrayâna. D'Hermès Trismégiste à Lao Tseu, en passant hassisdistes, kabbalistes, mystiques chrétiens, rhénans orthodoxes, soufistes, hindouistes, bouddhistes, l'extase (quoique ce terme ne convienne pas, je lui préfère celui d'enstase, car le coeur est au plus profond de l'être) se révèle être un fil rouge commun à tous ces chercheurs de vérité dans le sens où la découverte suprême est que le Royaume des Cieux (comme celui de Shamballa) n'est autre part qu'au-dedans de chacun de nous. Que ce soit par le silence ou la récitation de prières (hésychasme et philocalie) et de textes sacrés (hymnes védiques, gâthas, soutrâs ou mantras) le but est le même, à savoir parvenir au tréfonds de soi-même. Bien sûr, quand on dit " Aller au coeur de telle ou telle chose ", cela signifie comprendre l'essence intime de celles-ci, mais aussi comprendre la nature des énergies et des vibrations qu'elles contiennent. De l'amour courtois, stigmatisé par le Cantique des Cantiques, à l'amour du sacré Coeur (révélé par M-M. Alacoque - en un seul mot, je vous prie... crâne d'oeuf !) ou du dhikr d'Allah, le caractère passionnel de l'orant est omni-présent, passant du plan humain à celui divin. Mais, me direz-vous qu'advient-il du coeur dans des religions non théistes, comme le Bouddhisme, le Taoïsme, le dzogchen... ? C'est en Orient que le notion de coeur est la plus complexe, que ce soit dans la citta ou le xin, englobant esprit et coeur, avec localisations organiquement chakrique et métaphysiquement non-corporelle. Tout en étant d'un symbolisme universel, le coeur revêt différentes significations, concrètes ou abstraites, et trouve différentes applications internes comme externes, en particulier la dévotion au maître (le chapitre qui lui est réservé est fort plaisant et remet pas mal d'a priori à leur place) que l'Occident pratique à l'égard du Me Jésus. Ai retrouvé avec plaisir Kabîr, Hallaj, tout en m'étonnant de la discrétion avec laquelle Rûmi a été traité (en notes de bas de page ..), et ai vivement apprécié la transcription coranique du jardin d'Eden, où l'arbre de la distinctivité et de la mutliplicité se pose en révélateur des trois tendances fondamentales de l'âme: celle qui incite au mal, qui ne cesse de blâmer et qui devient sereine, grâce à la Voie du Coeur. Ce livre particulièrement intéressant par ses études détaillées (les références aux mots originaux sont légion) et fouillées, se termine par divers compte-rendus de livres, dont les sujets vont de la cabbale à la musicologie. Me suis plongé avec Coeur dans ce compendium lumineux, montrant que la Voie du Coeur n'est nullement l'apanage unique d'une tradition, mais appartient à la Sagesse Universelle. Indispensables-Généralités pour la richesse du thème développé.