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Drive et convertisseur (DAC) séparés ou intégrés ??

Le numérique dans tous ses états

Le problème posé par l'arrivée de nouveaux standards repose aujourd'hui la question de la dissociation de la partie lecture de celle chargée de convertir les données numériques en analogiques afin d'être restituées par votre chaîne Hifi.

Voilà longtemps déjà que les audiophiles ont compris l'influence de la mécanique de lecture sur la qualité et la cohérence du résultat final. Avec le numérique, il en est comme avec l'analogique : toute information non ou mal lue au départ ne sera jamais retrouvée par la suite. Au tout début de l'ère du CD, on nous avait pourtant promis une lecture parfaite à partir des mécaniques fournies par les grands constructeurs industriels qui étaient à la base du standard. Mais devant les piètres résultats obtenus, les constructeurs de haut de gamme comprirent très vite que les informations numériques devaient être traitées avec les mêmes égards que celles qui sont gravées sur un microsillon, même si les problèmes posés n'étaient pas les mêmes.

La mécanique ; un élément essentiel de votre lecteur

Les faits sont là, toute erreur de lecture se traduit par l'intervention d'un correcteur qui va devoir combler les trous du flux: numérique, en interpolant les  informations manquantes à partir de celles qui ont été extraites. La correction  d'erreurs a deux conséquences  elle détériore la qualité de l'information,  puisqu'il s'agit d'une interpolation et non pas de l'information proprement dite et elle induit un phénomène de distorsion temporelle baptisé Jitter. Cettei maladie du numérique prend naissance au niveau des systèmes d'extraction de  l'information et va perturber le travail du convertisseur au point de dégrader considérablement la qualité du message reproduit, notamment en matière d'espace sonore, mais aussi de justesse de timbre et de dynamique. la mécanique de lecture, le Drive, se doit donc d'être le plus stable possible pour limiter au maximum l'intervention des circuits de correction d'erreur. Dans ce contexte, la mécanique séparée du convertisseur a longtemps constitué la réponse la plus appropriée au problème. Cette solution permettait de recourir à une alimentation séparée, spécialement dédiée à la mécanique, tout en offrant plus de place à la mécanique de lecture et d'éviter toute interaction négative avec les circuits de conversion. En ce qui concerne la mécanique proprement dite, la plupart des fabricants n'ont malheureusement pas les moyens de développer leur propre système de lecture et se contentent d'adapter les sous-ensembles proposés par les géants de l'industrie électronique, en les optimisant sur tous les paramètres (logiciel de contrôle, alimentation ou environnement mécanique). Pourtant, quelques constructeurs courageux se sont lancés dans la conception de leur propre mécanique afin de contrôler cette étape critique de l'extraction de l'information. On pourra citer Linn, CEC ou encore Teac pour ne parler que des plus connus.

Les nouveaux standards : le problème se complique

Avec l'arrivé du DVD vidéo et des nouveaux standards haute définition que sont le SACD et le DVD audio, nous souhaiterions tous pouvoir acquérir un appareil capable de lire l'ensemble des supports disponibles tout en conservant la musicalité des meilleurs CD du marché. Malheureusement, la réalisation d'une mécanique multiplateforme capable de lire l'ensemble des informations numériques avec le même niveau de qualité que les meilleurs appareils spécialisés dans la lecture CD se révèle encore plus coûteuse et techniquement plus difficile que lorsqu'il s'agissait de ne lire que les CD. À l'heure actuelle, parmi les constructeurs indépendants des grands groupes électroniques, seul Linn Products a relevé ce défi alors que tous les autres utilisent des mécaniques de grand constructeur tels que Pioneer, Philips ou Sony pour réaliser leur propre machine autour d'un schéma de conversion qui leur est propre. Le problème se corse encore lorsque l'on sait que le SACD et le DVD audio, à cause de leur système de protection anticopie sophistiqué, ne permettent pas d'extraire le signal numérique multicanal avec la même aisance que lorsqu'il s'agissait d'un CD. Seule la liaison S400, qui n'est autre qu'un connecteur informatique Firewire, permet de transmettre l'information vers un convertisseur externe en numérique. Voilà qui limite considérablement l'intérêt d'un Drive séparé. Pourtant, le flux numérique Dolby Digital ou DTS d'un DVD vidéo mérite autant d'égards que celui d'un CD et bénéficie de la même façon d'une mécanique de qualité.

Le convertisseur numérique : la sophistication au service de la performance

La réalisation d'un convertisseur numérique de qualité a donné naissance à bien des interprétations différentes, en fonction de la philosophie et de l'expertise technique de chaque constructeur. Trois fonctions principales sont assurées par le convertisseur : la mise en forme des données numériques, la conversion proprement dite et la transmission du signal analogique vers l'amplificateur. En ce qui concerne la mise en forme du signal, il s'agit d'une part de limiter les problèmes liés à la liaison entre la mécanique et le convertisseur, et d'autre part de réduire le « Jitter » à sa plus simple expression. Mais ce n'est pas tout. Avec l'arrivé des convertisseurs de nouvelle génération, qui offrent une puissance de calcul bien supérieure à leurs aînés, il s'agit aussi de mettre à niveau le signal d'un CD, pour profiter au mieux des capacités des nouveaux circuits de conversion destinés aux nouveaux standards SACD et DVD audio. Cette étape, que l'on appelle le suréchantillonnage, permet d'optimiser le potentiel du signal à travers un calcul savane qui utilise des algorithmes propres à chaque constructeur. Une fois préparé, le signal arrive au convertisseur. Ces deux étapes nécessitent une parfaite communication entre la mécanique et le convertisseur. La bonne entente entre les deux repose en grande partie sur une horloge de grande précision, la « Master clock », qui va synchroniser et rythmer le débit d'informations en introduisant le minimum de distorsion temporelle entre les deux parties de l'appareil.

 Dans ces conditions, on comprendra aisément que réunir la partie lectrice et le convertisseur dans la même boîte constitue une solution particulièrement avantageuse. Elle permet d'une part de limiter la liaison numérique au plus court et surtout de profiter d'une horloge unique pour synchroniser la lecture et la conversion, réduisant d'autant les éventuels problèmes de jitter. Dans le cas d'une conception en éléments séparés, la plupart des constructeurs font appel à une liaison indépendante qui va se charger de synchroniser à travers une boucle de phase les circuits de sortie du Drive à ceux d'entrée du convertisseur. Les professionnels, pour leur part, utilisent la liaison numérique « AES EBU « qui permet de véhiculer le signal numérique et le signal de synchronisation dans le même câble. On retrouve parfois ces deux solutions sur la même machine. Enfin, l'étage analogique permet à chaque constructeur d'exprimer son savoir-faire en matière d'esthétique sonore, à travers la conception d'un étage de sortie à tube, par exemple, mais aussi de proposer une sortie du signal variable qui permet d'attaquer un bloc de puissance sans passer par un préamplificateur, comme c'est le cas chez Wadia. A l'inverse, l'arrivée des préampli processeurs de haut de gamme peut constituer une solution intéressante pour centraliser l'ensemble des sorties numériques sur un même appareil, ce qui facilite forcément la vie de l'utilisateur, mais ne résout pas tous les problèmes posés par les nouveaux standards, puisque la conversion numérique analogique du SACD et du DVD audio se fait toujours à l'intérieur de l'appareil de lecture et nécessite une liaison analogique vers le préampli processeur.

La performance absolue : une question d'argent avant tout

Au final, la décision de séparer la partie lecture de la partie conversion dépend surtout des moyens que vous êtes susceptibles d'investir dans les deux appareils. Une chose est sûre : à moins d'aller chercher des ensembles Drive + Convertisseur d'exception, tels que l'ensemble TEAC P-70 et D70 ou mieux encore DCS, qui bénéficient tous deux d'un système de synchronisation sophistiqué, d'un convertisseur et d'une mécanique optimisée dans ses moindres détails pour fonctionner ensemble, les meilleurs lecteurs de CD du marché sont aujourd'hui tous des intégrés, même en haut de gamme, et il est peu probable qui cette situation change aujourd'hui. (I en \ de même en ce qui concerne les mécaniques de lecture mutli-plateforme qui fonctionnent en général mieux en interne, toujours à cause de ce fameux « Jitter » qui est d'autant plus dommageable que la fréquence d'échantillonnage du convertisseur est élevée. Reste la solution du préampli processeur, indispensable dans le cadre d'une utilisation Home Cinéma, qui permettra de compenser les médiocres performances musicales d'un lecteur de DVD mais ne remplacera jamais un vrai lecteur de CD audiophile intégré digne de ce nom.

Antoine Gresland - Haute-Fidélité Avril/Mai 2004

 

 

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