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Quelques notions de base

La réponse en fréquence.

La réponse en fréquence indique la fréquence la plus basse et la fréquence la plus élevée que l'on peut restituer. Le spectre audible par l'oreille humaine se situe, en théorie, entre 20 Hz et 20000 Hz. Nous précisons « en théorie », car les fréquences les plus élevées ne sont pas toujours perceptibles par tout le monde. Lorsqu'on avance en âge, ou lorsque l'oreille est « fatiguée » pour diverses raisons, la gamme de fréquences perçues est écourtée dans le haut du spectre. A contrario, certains sons situés en dehors de ce spectre peuvent très bien être perçus, non pas par l'oreille, mais par le corps. C'est le cas, en particulier, des fréquences « infra-graves » dont on ressent les vibrations sans réellement les entendre. Les grandes orgues, par exemple, peuvent descendre jusqu'à 16 Hz (tuyau de 32 pieds). Pour information, une vibration à 15 Hz correspond à ce que l'on peut ressentir lorsqu'une machine à laver est en essorage à 900 tours par minute.

La dynamique.

La dynamique, exprimée en dB, représente l'écart en niveau qui existe entre les sons les plus forts et les sons les plus faibles que l'on peut restituer avec un système ou un support (disque, bande, etc.). Par exemple, une dynamique de 80 dB indique que les sons les plus forts se situent à un niveau de 80 dB au-dessus du plus petit son reproductible.

Le bruit.

Dans un système d'enregistrement ou de restitution sonore, le son est représenté par un signal électrique. La musique que l'on enregistre ou que l'on veut écouter représente ce que l'on appelle le « signal utile ». Dans un monde idéal, on ne devrait jamais entendre autre chose que ce signal utile. Hélas, la réalité est tout autre, et certaines informations sonores s'ajoutent au signal utile. Ces informations peuvent être du souffle, des grésillements, des craquements, etc. Par définition, ces informations indésirables sont appelées bruit. Ainsi, le signal que l'on écoute se compose du signal utile auquel s'ajoute une part plus ou moins importante de bruit.

Le bruit de fond.

On appelle bruit de fond la « masse » d'informations sonores que l'on peut percevoir en l'absence de tout signal. Par exemple, sur une cassette audio analogique « standard », on perçoit nettement un souffle permanent, même entre les différentes plages d'un enregistrement, lorsqu'il n'y a pas de signal utile. Ce souffle permanent constitue le bruit de fond de la cassette. De même, dans une pièce (salon, chambre, auditorium), il existe toujours un certain niveau de bruit de fond dû à l'environnement (bruits de la rue, bruit occasionné par le voisinage, etc.). Ce bruit de fond existe en permanence, contrairement à certains autres bruits qui n'apparaissent, eux, qu'en présence d'un signal utile. La distorsion par harmoniques, par exemple, génère des harmoniques (comme son nom l'indique) que l'on peut considérer comme du bruit. En effet, ces harmoniques créent un signal audible qui s'ajoute au signal utile. De même, en numérique, le bruit que l'on nomme bruit de quantification apparaît lorsque le convertisseur N/A est en fonction. Ce bruit disparaît lorsque l'étage de conversion ne travaille pas, donc en l'absence de signal utile (musique).

Le bruit aléatoire.

Un bruit aléatoire est composé de signaux dont la nature et l'amplitude varient en permanence dans le temps. Le souffle d'une cassette audio, par exemple, est un bruit aléatoire. Il est composé d'un mélange de pratiquement toutes les fréquences du spectre.

Par exemple, à un instant « t », ce bruit contient une composante de fort niveau à 1000 Hz, une composante de faible niveau à 1001 Hz, aucune composante à 1002 Hz, etc. On dit que ce bruit est aléatoire car, immédiatement après l'instant « t », le signal peut très bien ne comporter aucune composante à 1000 Hz, une composante de fort niveau à 1001 Hz, une composante de faible niveau à 1002 Hz, par exemple. L'arrangement de toutes les fréquences est aléatoire. Le bruit du vent dans les arbres, la pluie, les chutes d'eau, sont des bruits aléatoires, au même titre que les bruits rosé et blanc utilisés en électronique et en acoustique. Dans un système mal filtré au niveau du secteur ou ayant un problème de « masse », on entend un bourdonnement à 50 Hz que l'on appelle, selon les cas, une « ronflette », un « buzz », et qui constitue un bruit de fond. Ce bruit périodique (50 Hz) et régulier n'est pas un bruit aléatoire.

Le rapport signal sur bruit.

Le rapport signal sur bruit exprime le rapport, en niveau, entre le signal audio et le bruit. Attention, cette mesure tient compte du bruit de fond, elle ne prend pas en compte, par exemple, le bruit de quantification en numérique, ni les craquements du vinyle en analogique. Il conviendrait donc, pour être rigoureux, de l'appeler rapport signal sur « bruit de fond ».

La dynamique utile.

La dynamique utile est la différence de niveau entre le signal le plus fort que l'on peut reproduire sans distorsion, et le plus petit signal « utile ». Mais qu'appelle-t-on exactement un signal a utile » ? Lorsqu'on écoute de la musique, on cherche à entendre, avec précision, toutes les informations sonores restituées par son système. Le signal musical constitue alors le signal utile. Le monde de l'au-dio étant imparfait, ce signal musical est accompagné de bruits divers dus au support (vinyle, CD, cassette, ...), au système de lecture, à l'amplificateur, etc. Par conséquent, le plus petit signal utile dont on dispose doit se situer à niveau sonore supérieur à celui du bruit. On peut donc en conclure que la dynamique utile est limitée par le bruit. Pour illustrer ces notions de dynamique utile et de bruit, imaginons que nous écoutions de la musique dans le salon d'un appartement. Si l'on se trouve dans un environnement bruyant, les informations sonores diffusées à très bas niveau ne sont pas audibles : elles sont noyées dans le bruit de fond. Ces informations que l'on ne peut pas percevoir dans de bonnes conditions ne sont pas des informations « utiles ». La dynamique utile dont on dispose dans cette pièce, au moment de l'écoute, est limitée « vers le bas » par le bruit de fond. Si l'on veut tout de même profiter de toute la dynamique de son système, il faut pousser le volume de l'ampli jusqu'à ce que les plus petites informations musicales « émergent » du bruit de fond. Les signaux les plus forts sont augmentés d'autant, et l'on peut atteindre un niveau sonore global très important, voire trop important, dans certains cas. En effet, il se peut que la puissance de sortie de l'ampli soit insuffisante pour « passer » les signaux les plus forts sans distorsion, il se peut également que la puissance admissible des enceintes ne soit pas suffisante pour encaisser un tel niveau. On ne peut pas « impunément » augmenter le niveau global du signal : il faut être prudent et ne pas dépasser le niveau maximum admissible par ['ensemble de la chaîne (il ne faut pas non plus se rendre sourd en écoutant à un niveau trop important, et le seuil de la douleur situé à 130 dB ne doit pas être dépassé).

La compression de dynamique.

Pour entendre tous les sons que l'on veut écouter malgré le bruit de fond, sans pour autant dépasser les capacités de son système, la solution est de garder la main sur le bouton a volume » de l'amplificateur pour « monter le son » sur les passages musicaux les plus doux et baisser un peu le volume sur les pointes de modulation. Cette opération n'est rien d'autre qu'une compression de la dynamique, et c'est exactement ce que font, de manière automatique, les systèmes électroniques utilisés par les professionnels.Ces systèmes appelés compresseurs de dynamique remontent le niveau de petits signaux et atténuent le niveau des signaux les plus forts.

Vinyle, CD et rapport signal sur bruit.

En règle générale, lorsqu'on évoque la dynamique d'un support, vinyle ou CD, on exprime en fait un rapport signal sur bruit de fond.Pour fixer les idées, nous rappelons, dans le graphique ci-dessous, les valeurs de rapport signal sur bruit de fond audio avec quelques supports : En ce qui concerne le CD, nous indiquons 84 dB sur notre graphique, au lieu de 96 dB comme on le voit très souvent. En effet, avec un signal codé sur 16 bits, on peut théoriquement atteindre : 16 x 6 = 96 dB. Ce calcul « simpliste » est erroné car l'audio, donc le signal utile, n'est codée que sur 14 bits avec le CD. Les deux bits supplémentaires sont utilisés pour autre chose que des informations musicales (ce sont des bits « d'identification »).Avec le CD, on peut donc espérer, au maximum, atteindre 14 x 6 - 84 dB de rapport signal sur bruit de fond.

Le rapport signal sur bruit pondéré (A).

En mesure, on indique presque toujours deux valeurs de rapports signal sur bruit : une appelée "linéaire" et une appelée "pondérée A". En mesure linéaire, on tient compte de la totalité du bruit de fond sur l'ensemble du spectre, de 20 Hz à 20 kHz. En d'autres termes, un bruit situé à 15 kHz a autant de "poids", ou d'importance, qu'un bruit situé vers 2 kHz. En mesure pondérée, le bruit de fond est filtré selon une courbe "en cloche" parfaitement calibrée, que l'on nomme "courbe de pondération A". Lorsqu'on effectue la mesure, ce filtrage fait chuter le niveau du bruit aux deux extrémités du spectre, dans le grave et l'extrême aigu. Le bruit situé dans le médium a beaucoup plus de "poids" pour calculer le rapport signal sur bruit. Cette pondération A permet de tenir compte de la sensibilité de l'oreille humaine, bien plus importante dans le médium qu'aux deux extrémités du spectre. En effet, un bruit situé dans le médium est bien plus gênant pour l'oreille qu'un bruit dans l'extrême grave ou l'extrême aigu.

Vinyle, CD et dynamique utile.

Les notions de rapport signal sur bruit « global » (par opposition avec le rapport signal sur bruit « de fond ») et de dynamique utile sont intimement liées. Par exemple, le bruit de quantification, en numérique, perturbe la perception des signaux de très faible amplitude, ce qui réduit considérablement la dynamique utile du CD. Sur un disque vinyle, de nombreuses micro-informations sont plus ou moins noyées dans le bruit (souffle, craquements, etc.). A l'écoute, le cerveau humain est capable de faire « la part des choses » et de s'affranchir de ce bruit aléatoire. En quelque sorte, on parvient à oublier le bruit de fond pour n'entendre que les informations utiles. Par conséquent, la dynamique utile « pratique « du vinyle est supérieure à sa dynamique utile « théorique ». En audionumérique, le bruit de quantification « à l'état brut » produit un son très gênant dont le cerveau a bien du mal à s'affranchir. Les informations audio noyées dans ce bruit sont difficilement exploitables à l'écoute. Il y a 20 ans, aux débuts du CD, le niveau de bruit était tel que l'on ne pouvait espérer dépasser 45 dB de dynamique utile avec ce support. Les ingénieurs du son s'en souviennent : il fallait une compression de dynamique assez violente pour « faire entrer » un signal audio sur un CD. Aujourd'hui, les progrès technologiques ont amélioré les choses, mais la dynamique utile du CD reste encore bien inférieure aux 84 dB espérés (un signal audio sur CD avec 50 dB de dynamique est considéré, en studio, comme exceptionnel). 51 l'on rapproche les deux supports, vinyle et CD, pour comparer leurs performances dans un domaine purement technique, on se rend compte que le support analogique est loin d'être « à la traîne » : bande passante et dynamique utile sont tout à fait comparables. Cependant, le disque numérique reste un support d'avenir qui ne fait que s'améliorer au fil du temps. Certains systèmes de filtrage perfectionnés réduisent les effets désastreux du bruit de quantification pour améliorer les choses. De même, certains procédés, dont le fameux « Dither », transforment ce bruit de quantification en un bruit aléatoire comparable à du souffle. Le cerveau humain peut alors s'affranchir de ce bruit, et la dynamique utile « pratique » du support augmente considérablement.

CD, DVD-Audio et SACD.

Les récents supports audionumériques que sont le SACD et le DVD audio marquent une nette évolution par rapport au CD. Sur le papier, le principe DSD et la quantification sur 24 bits offrent de gros avantages au niveau de la dynamique et du rapport signal sur bruit. En complément, les fréquences d'échantillonnage plus élevées qu'avec le CD traduisent une nette progression de la bande passante (jusqu'à 100 kHz), Au sujet de cette bande passante, on se demande parfois s'il est nécessaire de grimper aussi haut en fréquence alors que le spectre audible s'arrête à 20 kHz Certaines personnes prétendent que le spectre de fréquences perceptibles par l'homme s'étend bien au-delà des 20 kHz théoriques, et qu'il est important de pouvoir retranscrire de très hautes fréquences.Cet argument nous semble assez peu convaincant. Par contre, au niveau de la phase du signal, la bande passante étendue représente réellement un avantage significatif. Sur le CD, le signal est échantillonné à 44,1 kHz. Après conversion en analogique, le signal doit être filtré de façon très efficace, au-delà de 22 kHz, pour éviter les phénomènes de distorsions et de bruit « par repliement » dû au système de conversion. Plus simplement, on retiendra que le signal analogique doit être fortement filtré à environ 20 kHz pour éviter l'apparition de distorsions et de bruits trop importants. Ce filtrage entraîne, par la force des choses, un déphasage assez significatif. Mais ce déphasage « n'arrive » pas d'un coup à 20 kHz. Il se produit progressivement et commence à se faire ressentir vers 2 kHz, ce qui correspond à la fréquence de coupure divisée par 10. En résumé, la rotation de phase commence à être gênante pour l'oreille à partir de 2 kHz. Ce déphasage perturbe, entre autres, la concision et la stabilité de l'image stéréo. Avec le SACD et le DVD audio, le filtrage est repoussé à 100 kHz, ce qui garantit un déphasage pratiquement inaudible jusqu'à environ 10 kHz.

En conclusion...

Le débat, « Vinyle contre CD » est une discussion sans fin qui opposera toujours les audiophiles dans un domaine subjectif et musical.Sur un plan purement technique, la supériorité du CD n'est, le plus souvent, que théorique. Les deux supports sont comparables et très proches dans la plupart des domaines. Cependant, les supports audionumériques ont beaucoup progressé depuis quelques années. Ils deviennent de plus en plus performants et, « quoi qu'on en dise », de plus en plus musicaux. Il ne fait aucun doute que le numérique est loin d'avoir dit son dernier mot même si, dans le coeur des plus passionnés d'entre nous, le vinyle conservera toujours une place de choix.

Jacques Vallienne rédacteur (hors pair...!) de Stéréo et Image juil/août 2006

 

 

 

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