vendredi 21 novembre 2008 15:13

Tibet

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Le Mandala

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Sa signification en sanscrit signifie d'abord cercle et par dérivation territoire. C'est un diagramme à connotation ésotériquement cosmique destiné à permettre à son auteur ou à ceux qui le regardent avec concentration, de réintégrer leur nature propre au sein de l'univers. Les plus connus sont le Guhyasamaja, le Kalâchakra (ci-dessous représenté), le Bardo, la Roue de la Vie, ceux d'Hevraja, Chakrasamvara,

La majorité des mandalas sont consacrés à des divinités et font partie des rituels tantriques qui leur sont destinés. On peut les comparer aux Yantras de l'Hindouisme qui les ont précédés et dont ils sont un peu les dérivés morphologiques.

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Fabriqué selon des règles géométriques très précises, il sert, par la suite, comme support de méditation et à l'évocation d'une déité ou divinité sous la direction d'un lama détenteur de la tradition concernée. Pour concrétiser l'impermanence des choses et des phénomènes, il est détruit (après usage, pourrait-on dire) et la coutume veut qu'on le disperse dans le cours d'eau le plus proche.

Le mandala est composé de multiples éléments circulaires et carrés; il en existe cependant qui ne sont formés que d'un genre de forme, soit circulaire, soit carrée. Il en est de très simples  (avec un idéogramme, une fleur de lotus...) comme de très complexes (avec des centaines de bouddhas, de divinités, toute une lignée de lamas...), des quasi monochromes et des richement polychromés; on en trouve des quadruples sur le même tangkha ou la même fresque et cas extrême des mandalas de mandalas (4 + 1 central). 

Normalement, trois cercles concentriques (celui du Kalâchakra en compte 6) englobent la représentation centrale carrée. Ils symbolisent les trois corps : Dharmakâya - Sambhogakâya - Nirmânakâya, à savoir ceux essentiel, de rétribution et de transformation,  ou, selon une autre vision : la naissance spirituelle, l'éveil et la connaissance.

La repésentation carrée (circulaire le cas échéant aussi) englobée dans les cercles précités et sensée définir le "temple de l'Homme", dispose de quatre portes situées aux 4 points cardinaux (en n'oubliant pas qu'on rentre par l'Est) et d'un rond ou carré central où la déité / divinité, à laquelle le mandala est dédiée, figure dans ses attributs (pour celui figurant, ici, il s'agit de Manjushri, le bodhisattva de la Connaissance sapientiale). Ces portes symbolisent les quatre libérations, ou moyens de vider l'esprit de toute pensée en entrant à l'est pour réaliser le samâdhi au nord.

Dans l'iconographie tibétaine, on trouve couramment des mandalas dédiés aux cinq Jinâs ou principe cosmique de Sagesse appelés aussi confusément par amalgame avec la méditation, Dhyani-bouddha. Ils sont respectivement

- Aksobhya à l'Est - Mi-bskyod (khrugs)-pa - Colère - sagesse du grand miroir / âdarça -  éveil spirituel - Est - prise de la terre à témoin - la forme ou rûpa - nains ailés, les kimnara ou l'oiseau Garuda - Kanakamuni  / Vajrapâni - sceptre de diamant - eau - bleu - Buddhalocanâ - on lui associe aussi Prajñâ-pâramitâ - bîja  y  ou hum - localisé dans le coeur, il correspond au toucher et la peau

- Ratnasambhava au Sud - Rin-c'en-agbyun-gnas - Orgueil - sagesse impartiale et de l'identité / samatâ- l'ascèse - Sud - geste du don ou de la perfection du don - les sensations ou vedanâ - le cheval - Kâshyapa /  Ratnapâni - les joyaux - terre - jaune - Mamakî - bîja ra ou svâ - localisé dans le nombril, il correspond à la vision  et à l'oeil

- Amitâbha / Amitayus - 'od-dpag-med / ts'e-dpag-med à l'ouest (direction de la Terre Pure) - Avidité - sagesse de l'intuition du particulier, de la discrimination / pratyaveksanâ - discernement - Ouest - geste de méditation - les perceptions ou samjñâ - le paon - Avalokiteshvara / Padmapâni - le lotus - rouge - Padaravâsinî ou Pândarâ - bîja ba ou ha - localisé dans la bouche, il correspond au goût et à la langue - ( c'est le seul des cinq Dhyani-bouddhas à être formellement déconseillé aux non-fumeurs ...!)

- Amogasiddhi au Nord - Don-yod-grub-pa - jalousie - sagesse de la pratique parfaite / krityânusthâna - entrée dans le Nirvâna - Nord - geste d'apaisement, d'absence de crainte - la volition ou samskâra - l'éléphant - Maitreya / Visvapâni - le vajra croisé - vert - Samayatârâ  ou Aryatârâ - bîja i ou - localisé dans les jambes, il correspond à l'odorat et au nez

- Vairocana au Centre (il lui arrive d'être interverti avec Aksobhya) - Rnam-par-snang-mdsad - Ignorance - sagesse de l'essence du Dharma / suviçuddhadharma-dhâtu - les moyens de salut  - le zénith ou le centre du mandala - geste de la mise en route de la roue de la Loi - la conscience ou vijñâna - le lion - Krakucchanda / Samantabhadra - la roue de la Loi - éther - blanc - Vajradhâtisvarî soit Nâyikâ, Nairâtmyâ... - bîja  a ou om - localisé dans la tête, il correspond au son et à l'oreille. Dans le bouddhisme ésotérique tibétain ou du shingon, il est remplacé par Vajrasattva, sa parèdre peut être alors soit Târa soit Vajra-dhârîvishvarî
(extrait des " Les Nombres de la Tradition ") - Copyright © Sâdhana

Ils sont censés représenter les antidotes aux cinq poisons (voir Notions) ou la réalisation du corps, de la parole, de l'esprit, de la conscience primordiale et de la félicité suprême. Ils sont symboliquement associés aux portes et au centre des autres mandalas, même s'ils ne sont pas réellement inclus dans le dessin. En fait, ils constituent l'archétype du processus de progression et de réalisation contenu dans les mandalas.

Note: tous les tangkhas ne sont pas des mandalas et inversément; en effet,  il existe des mandalas en trois dimensions, dont certains en métal - de l'argent le plus souvent - représentent le Mont Méru. Par ailleurs, pour ceux qui fréquentent les temples tibétains, le plus connu est celui du rituel des pujas, constitué de récipients circulaires concentriques et remplis de riz ou de fèves .

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Enfin quelques considérations:

Le mandala est le lieu privilégié, l'axe de l'univers mental et physique où le disciple réalise le vide. La vie psychique et physique de l'individu reflète celle de l'univers. Donc, suivant Socrate et Dôgen: " connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers." Rüdiger Dahlke l'a fort bien décrit dans son livre : "Mandalas, comment retrouver le divin en soi" ou comment être en harmonie avec soi-même et avec son objectif. L'Un, centre du mandala échappe à toute représentation intellectuelle. Il est vivant en chacun de nous, mais ni la volonté ni l'intellect ne peuvent nous en faire prendre conscience, à savoir la quête du centre unique.

L'univers est un mandala au même titre que l'oeil, la rose, le cristal de neige, la croix sous ses formes diverses, le cerveau, la coquille d'escargot et même une plaque d'égoût, enfin n'oublions pas que notre corps comme la roue du zodiaque est un mandala parfait. Tout tourne autour de ce centre, car le mandala est la roue de la vie, image de l'univers naissant à tout instant du centre unique. Il est en haut comme en bas, à l'extérieur comme à l'intérieur. Le Zohar, le livre des lumières hébraïque, dit "tout est enfermé en l'homme, il est le complément et l'achèvement de tout".

Au commencement était le Verbe, or le Verbe procède du Son. Le son cache en lui un mandala, car partant du centre unique, les ondes sonores se déploient en cercles concentriques à l'image du mandala. Toute forme dérive du point, mais le point lui-même n'a pas de forme, le point est sans dimension. Le point central est l'essence de tout mandala, en lui se réconcilient les opposés, en lui les contraires sont abolis. La faculté de comprendre disparaît au centre du mandala; hors du centre, les choses deviennent intelligibles.

Tant que l'homme n'a pas compris le Silence, il n'a pas communié avec l'Esprit universel et n'est point descendu aux sources de son être (anonyme). Cesser avant tout l'agitation de son mental pour accéder à son centre. Ce fait, le méditant se rend alors maître du "reflet intérieur", ayant appris à se gouverner lui-même. La méditation est une réintégration de l'être en lui-même. Se changer d'abord soi-même pour changer sa vision du monde. C'est à cela que tend la contemplation attentive et concentrative de tout mandala, naturel ou artistique.

Allez faire une promenade dans la nature ou dans votre quartier. Cherchez et dénombrez tous les mandalas qui vous entourent ! Peut-être votre vision du monde aura-t-elle changée ...!

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