mise à jour du dimanche 22 décembre 2013 10:51

Sâdhana                                 Bouddhisme                             Menu

Notes à l'attention 
des personnes tout particulièrement attirées par le Bouddhisme tibétain

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Sâdhana tient tout particulièrement, en début de cette page WEB, à souligner fermement que la très douloureuse situation politico-religieuse au Tibet, pouvant prêter à confusion de par la désinformation complexe qui l'entoure, avec son lot d'atrocités condamnables n'est pas cas unique en Asie. On oublie trop facilement le massacre (92%) des religieux cambodgiens par les khmers rouges, massacre  dont on a jamais parlé de manière aussi explicite, ni encore moins fait autant de battage que pour celui des religieux tibétains, car, il s'agit également de moines, encore plus foncièrement bouddhistes, que cela soit bien clair ! Tibet8.jpg (7909 octets)Il en va de même pour les exactions commises à l'encontre de moines et vénérables birmans, laotiens, vietnamiens  dont on ne sait presque rien parce que la presse est muselée par les pouvoirs en place dans ces pays.

Dans des pays où les régimes militaires aussi bien que totalitaires règnent sans partage, les religieux tant birmans que laotiens, que viêtnamiens, voire même chinois ne sont pas en sécurité et leurs arrestations sont monnaies courantes, arrestations passées la majeure partie sous silence et ignorées de l'opinion mondiale. Si le Tibet tient le haut du pavé actuellement dans cette " désilencisation ", c'est en raison de la position éminemment stratégique et hydrologique (l'Indus, le Gange, le Brahmapoutre, le Salveen, l'Irawaday, le Mékong, le Yang Tse et le Fleuve Jaune y prennent leurs sources) que ce pays occupe dans le continent asiatique. Qui détient l'eau détient la vie, tout comme au Moyen-Orient le plateau du Golan, et les pseudo-territoires kurdes...

L'Angleterre (colonisatrice hégémonique dans le sous-continent est-asiatique sur l'impulsion d'un Disraëli, premier ministre de la reine Victoria-Impératrice des Indes) en sait quelque chose: lui ayant barré, par peur des visées colonialistes des russes et par ingérence forcée lors de la convention de Simla en 1914, l'accès de la Société des Nations (précurseur de l'actuel O.N.U) ainsi que celui à son indépendance en le mettant à l'insu de son plein gré indirectement sous la suzeraineté potentielle de la Chine qui n'a pas ratifié cette convention la rendant de jure caduque. Un comble, alors qu'en 1948, la même Angleterre crée, ex nihilo, l'état d'Israël, deux poids, deux mesures, isn't  Mr Disraeli...? . Alors, restons objectifs et soyons pleinement conscients que dans d'autres pays, il y a des prisonniers d'opinions religieuses qui sont sommairement exécutés, ce dans l'indifférence et l'ignorance les plus totales.

Cette mise au point faite avec une rigueur informative dont Sâdhana ne veut en aucun cas se départir, revenons à au présent sujet. Avec une objectivité et une tolérance toutes bouddhiques, n'excluant en rien une "vision juste", Sâdhana tient aussi à préciser divers points concernant le "Bouddhisme tibétain ou Vajrayâna", si en vogue actuellement et dont la diffusion en Occident atteint des proportions considérables (selon les pays plus de 60 % des centres bouddhiques, toutes écoles confondues). Nous tenons aussi à mettre en garde, selon le "discernement juste", les personnes qui seraient attirées par le côté ésotérique, prononcé et sous-jacent, de cette "forme" de Bouddhisme; ceci en fonction de différents éléments que l'on trouve cités dans les multiples écrits d'Alexandra David-Neel, personne nec plus experte en la matière, eu égard à ses expériences tibétaines et surtout à son adoption du lama Yongden. D'autres auteurs en ont fait aussi largement mention.

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Revenant au Vajrayâna ou véhicule de la Foudre (initialement la foudre brandie par le dieu hindou Indra), il est de notoriété publique que c'est le seul bouddhisme a être qualifié de et par son origine nationale, car on ne parle jamais du bouddhisme sri-lankais, thaïlandais, cambodgien, laotien, viêtnamien, ni même chinois, mais plutôt du Tch'an, du Zen, du Jodo Shinshû, du Nichirenshû, du Shingon, etc.

Donc, l'expression bouddhisme tibétain introduit déjà une confusion par l'amalgame qui est fait entre le Tibet et la religion bouddhiste. Ne pas oublier que le Bouddhisme n'est devenu une religion que vers le IIè s a-p. J-C. En effet, la tradition théravadine ou des anciens était bien plus une philosophie de vie, transmise par les moines et appliquée rigoureusement par eux dans les monastères. Elle était donc l'apanage unique d'un clergé soucieux de perpétuer les enseignements originaux du Bouddha, homme réalisé qui n'était en aucun cas ni un dieu, ni une divinité, s'en défendant bien au contraire.

Comme dans toute succession spirituelle, des dissensions dans l'ordre monastique ont commencé à se manifester et, entre un certain laxisme et un intégrisme quasi fanatique tous les deux condamnés par Bouddha lui-même, une tendance (celle des mahâsanghika) a vu le jour; tendance dans laquelle la Sangha, réservée jusqu'alors uniquement aux moines, pourrait s'agrandir aux laïcs, la Mahâsangha. Ceux-ci moins évolués spirituellement que les moines ont besoin de merveilleux, de prodiges, de superstitions pour croire, pour étayer les mises en pratique des principes moraux et philosophiques, héritages de la vie monastique.

C'est à partir de ce moment, que le Bouddhisme, de philosophie initiale, de Voie vers la Sagesse qu'il était, va devenir religion. Au fur et à mesure de son extension territoriale, il s'acclimate des croyances locales en érigeant, en divinités, les tenants des réponses aux questions métaphysiques émises par le commun des mortels. On voit alors se dessiner un panthéon bouddhique, fleurissant de divinités plus terrifiantes et courroucées que franchement paisibles, images destinées à frapper l'imaginaire des fidèles, sollicités dans l'observance des préceptes et surtout leur "bienveillance matérielle" à l'égard des religieux.

Que l'on se rassure et que l'on nous accuse pas de focaliser notre diatribe sur ce bouddhisme tibétain, toutes les appellations et représentations plus ou moins terrifiantes (enfer, purgatoire...) et démoniaques (Satan, Bélzébuth, Lucifer, Diable...) occidentales ont largement été exploitées, dans le même sens, par les différents clergés occidentaux. Qu'il soit bien entendu que Sâdhana éprouve, face à la ferveur et à la piété des fidèles indigènes, un bien plus grand respect qu'à l'égard d'un certain "clergé", détenteur des croyances auxquelles ils les inféodent étant plus soucieux de préserver son pouvoir et ses avantages qu'autre chose (ceci est valable pour beaucoup d'autres religions ou formes religieuses, que ce soit bien clair !).

Qui dit philosophie, puis religion implique forcément des textes fondateurs. Les soûtras (ou sermons) initiaux du Bouddha, font place progressivement à des commentaires, sastras ou abidharmas, et l'on voit fleurir, pendant de nombreux siècles, des textes canoniques qui ne sontTibet9.jpg (9702 octets) nullement de la bouche même du Bouddha, vu qu'ils ont été soit "insufflé" par des "divinités" telles Manjushri, Avalokiteshvara, Samanthabadra, Maitreya, Târâ (comparable à la Sainte Vierge des catholiques) soit composés sous "inspiration illuminatrice" par des grands maîtres, ex. les Prajñâ-pâramitâs, voire même le plus que célèbre Sadharma-pundarika soûtra - le Soûtra du Lotus de la Bonne Loi, pilier de base du Mahâyâna ou Grand véhicule (soûtra qui n'est certainement pas de la bouche même du Bouddha, quoiqu'on puisse le soutenir...).

Ce terme de soûtra s'appliquera, par la suite, en sus des sermons initiaux, plus communément à des textes considérés comme canoniques par les différentes écoles bouddhiques. Il ressort que la presque totalité des soûtras sur lesquels repose la doctrine du Mahâyâna sont le fait d'auteurs anonymes et de ce fait, aucunement du Bouddha lui-même. L'exemple le plus connu est le soûtra de l'Estrade de Houei-Neng, sixième patriarche du Tch'an, soûtra dont l'auteur nous est connu, exception qui confirme la règle ...

Rappelons que le Bouddhisme arriva tardivement au Tibet, plus de 1'000 ans après la mort du Bouddha, vers le Vllème s. En effet, le roi Songtsen Gampo (unificateur du Tibet et créateur de l'alphabet tibétain) épousa une princesse népalaise et une princesse chinoise, toutes deux imprégnées de Bouddhisme; par preuve d'amour, il l'importa au Tibet et fit construire divers temples dont le fameux temple du Jokhang, au centre de la cité de Lhassa.

Ce ne fut que cent ans plus tard que le Tibet vit l'arrivée de Padmasambhava, magicien, maître es Tantras et thaumaturge, en provenance de l'Odyana (actuellement nord-est du Pakistan),  révéré par tous les tibétains en tant que Guru-Rinpoché, le maître précieux. ll vint apporter ses "pouvoirs" à Shantarakshita, vénérable moine bouddhique dont l'érudition lui avait valu les faveurs du roi Trisong Détsen et qui avait été invité pour répandre le Bouddhisme au Tibet, malgré la farouche opposition des Bönpos qui voyaient péril en la demeure. Il aurait laissé des termas ou écrits secrets, soigneusement cachés, afin qu'ils soient révélés au fur et à mesure de leur découverte par des tertöns, ou découvreurs de secrets.

Le grand événement suivant vient des moines indien Kamalashila (école de l'éveil Progressif) et chinois Hoshang (école de l'éveil Subitiste); suite à leur débat mémorable, ce fut le bouddhisme indien qui fut proclamé religion d'état, accroissant ainsi la vindicte des chinois, envahis à plusieurs reprises par les armées tibétaines durant de longues périodes, même jusque dans leur capitale d'alors, Chang 'An. Ne pas omettre que les tibétains furent à leur tour envahis par les mongols et les mandchous.

Tibet2.jpg (9611 octets)Ce fut ensuite, en 1042, la seconde diffusion du Bouddhisme par Atisha, maître aussi bien es soutrâs qu'es tantras, inspirateur de la secte des Kadampas (ceux qui suivent la parole du Bouddha au pied de la lettre..., bon ?). C'est aussi à cette époque que l'on voit, avec Drogmi, la fondation de la tradition des Sakyas, avec Marpa-le-traducteur, Milarepa et son disciple Gampopa l'école Kagyupa, sans oublier celle des Nyingmapa " les anciens" déjà préexistante. Dans cette période intermédiaire, on voit l'apogée des Sakyas, et ce n'est qu'à la fin 14 ème s. avec Tsongkhapa, grand réformateur et fondateur de l'école Guélugpa, "école de la voie vertueuse" que le Bouddhisme décadent reprend de son authenticité et de sa moralité. C'est de leur école que viennent les Dalaïs-lamas. Dans cette période couvrant quelques siècles, on voit la formation de diverses tendances: Drigungpas, Jonangpas, Karmapas, Shangpas, Shamarpas, Drugpa Kagyu (parmi les huit écoles secondaires kagyupas, seule école à avoir essaimé, d'ailleurs...).

Petit rappel sur les quatre écoles "bouddhiquement" tibétaines, par ordre chronologique:

- Nyingmapa ou les anciens, fondée au IXè à la suite de l'impulsion donnée un siècle avant par Padmasambhava.  Les grandes figures Nyingmapa furent entre autres récemment Dudjom et Dilgo Kientsé rinpochés.

- Sakyapa, ceux de la terre grise du monastère de Sakya par Könchog Gyelpo, au XIè. Leur actuel chef spirituel est S.S. Sakya Tenzin. Leur vocation est surtout médicinale.

- Kagyupa, ceux de la transmission orale par Gampopa, au XIIè - leur chef de file est S.S le Karmapa, XVIIè dans l'ordre de lignage. Ils sont reconnus pour être les "missionnaires" attitrés et patentés du Bouddhisme. Cette école se subdivise en huit sous-écoles comme précité.

- Gelugpa, dit les vertueux, par le grand réformateur Tsongkhapa, au XVè et dont sont issus les Dalaï-Lamas, leaders incontestés de ce bouddhisme tibétain.

L'actuel Dalaï-Lama, chef temporel de la lignée guélugpa, et non spirituel (titre dévolu au seul Gan den Trigpa) , comme cela est galvaudé trop fréquemment dans une ignorance totale de la hiérachie spirituelle, est encore moins le pape du Bouddhisme, puisque représentant une minorité du bouddhisme tibétain, qui n'est par ailleurs que le 2% de l'ensemble des bouddhistes des 3 véhicules. Celui-ci  a adjoint aux 4 écoles existantes (Nyingmapa, Sakyapa, Kagyupa, Guélugpa) lors de la dernière rencontre Inter-traditions de mai 97 à Karma-Ling, celle des Bönpos à fort connotation chamanique comme l'école des "orants", l'assimilant aux autres écoles bouddhiques, de quoi en perdre son tibétain ... Notons que certains maîtres, particulièrement réalisés, ont transcendés ces différences.

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Puisque nous l'avons déjà citée, donnons la parole à une dame qui a particulièrement bien connu le Tibet avant son invasion par les chinois, en l'occurence, Alexandra David-Neel qui n'hésite pas d'ailleurs à employer le mot lamaïsme pour désigner la religion régnant au Tibet

Vie religieuse au Tibet?

ADN - Je crois devoir répondre non.

- Et quoi me direz-vous? Que signifient donc ces immenses monastères dont certains abritent plus de dix mille moines? Que signifient ces ermites dont vous nous parlez dans vos livres, ces ermites qui vivent dans des cavernes sur les hautes montagnes, plongés dans de continuelles méditations? Est-ce que tout cela ne dénote pas de la religion?

ADN - Je réponds non ! Au Tibet, cela ressort de la magie ou de la recherche philosophique et psychologique. Tous les rites tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils... Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux... Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour un bénéfice personnel d'abord, puis éventuellement altruiste, le concours de personnalités extra-humaines. Tout au moins, c'est ainsi que le commun des tibétains comprend ces rites.

ADN - Tous les tibétains se disent bouddhistes et croient qu'ils le sont, quelles que soient les déformations qu'ils ont pu faire subir à la doctrine du Bouddha et alors même qu'ils professent des opinions et s'adonnent à des pratiques formellement condamnées par le Bouddha...

ADN - Nul n'est besoin de dire que les aspects, que le Tantrisme y revêt, diffèrent suivant le degré de culture des individus, mais d'une façon générale l'on peut dire que le Tantrisme des Tibétains est apparentée à la magie dans ses degrés supérieurs et descend jusqu'à une sorte de sorcellerie parmi les masses ignorantes et toujours imbues des croyances chamanistes qui dominaient au Tibet avant l'introduction du Bouddhisme...

Tibet11.jpg (8975 octets)ADN - Padmasambhava et ses successeurs combattirent les Böns, mais surtout pour prendre leur place en tant que clergé attitré jouissant de la faveur royale. Le genre de Bouddhisme qu'ils importaient était bien peu orthodoxe...

ADN - Les moines ne vivent pas en communauté. Chacun d'eux a son logement particulier. Les grands lamas occupent de véritable palais... Les moines tibétains ne font pas voeu de pauvreté. Les uns reçoivent une rente de leur famille, les autres possèdent des terres ou du bétail, d'autres placent de l'argent dans le commerce...

ADN - La récitation psalmodiée de livres sacrés se fait avec une voix très grave. Ceux qui sont très savants en cette matière vous diront que cette psalmodie a été calculée pour produire certaines ondes sonores particulières destinées à produire des effets spéciaux. Les moines agitent, aussi, par moments des clochettes et une espèce de tambourin; tout cela a une signification magique et vise à obtenir des effets par la combinaison de vibrations des sons. C'est de la magie...

ADN - En Occident, des notions complètement erronées circulent toujours au sujet des Dalaï-Lamas que l'on continue à dénommer " Papes du Bouddhisme" ou "réincarnation du Bouddha". Il faut noter dès l'origine que l'habileté, l'énergie et le succès dans les affaires temporelles ont été particulièrement prisés parmi les membres de la secte qui compose aujourd'hui le clergé d'état sous le patronage des Dalaïs-lamas. Ce n'est cependant qu'au 16è siècle, en 1578 que le titre de Dalaï-Lama fut conféré au troisième successeur de Gedun Droub par l'empereur mongol Altan Khan... Ce n'est que le cinquième Dalaï-Lama qui se proclama le " tulku "  ou réincarnation de Tchenrézigs (Avalokiteshvara), le Seigneur infiniment compatissant à la " vision pénétrante "...

ADN - Dès que la secte des " bonnets jaunes " reprenait le dessus avec l'aide de chefs mongols et leurs troupes, les monastères " bonnets Rouges " étaient pillés. De part et d'autre, on torturait, on massacrait (les anecdotes sanglantes ne manquent pas au sujet du caractère de potentats confirmés de certains hauts dignitaires y compris même d'un des précédents Dalaï-Lamas, à l'égard, en particulier, du Tachi Lama... NdlR)

ADN - En usant d'adresse, les chinois auraient sans doute réussi à consolider leur suzeraineté d'ancienne date sur le Tibet. Ils ne surent pas le comprendre... (ce texte fut écrit en 1933, étonnant, n'est-ce pas...)

Concernant le Bardo-thodol

Mort0.GIF (29442 octets)ADN - Cette pratique n'est pas véritablement bouddhiste; son origine peut être trouvée dans la religions des Böns, une branche tibétaine du Taoïsme qui prévalait au Tibet avant l'introduction du Bouddhisme dans le pays et dont les doctrines se sont mêlées avec celles du Bouddhisme. Avant la prédication du Bouddhisme au Tibet, la religion des tibétains était une sorte de chamanisme dénommé Bön qui nous apparaît, à travers les anciennes traditions, comme ayant été basé sur la magie...

Quoiqu'il puisse advenir, nous devons nous contenter, pour le moment, de savoir qu'une élite de Bönpos se transmet une tradition orale tenue très secrète, concernant la connaissance et le maniement de forces naturelles occultes... La secte blanche (il y en a aussi une noire. Nd-UBLF) des Böns a adopté en fait les croyances et les coutumes des Bouddhistes, se bornant de leur donner des noms de la terminologie Bönpo... Deux personnages occupent une place importante parmi ces Böns: les médiums et les sorciers. (ne pas oublier que les oracles, rentrant en transes, tiennent une place capitale dans les décisions du clergé tibétain, en particulier celui de Néchung. Nd-UBLF)....

Parmi les lectures destinées à faire comprendre la situation frot précaire du Tibet d'avant l'invasion chinoise, il faut signaler des livres fort dignes d'intérêt, fort révélateurs car dénués objectivement de toute dalaïmania,  comme :
- " Martyr au Tibet" - paru à Fribourg en 1950 sous la plume de Robert Loup, décrivant en termes très peu tendres la situation régnant, avant l'invasion par la Chine en 1959, au Tibet; car, jusqu'en 1951, le Tibet fut soumis à un régime exclusif de servage (exercé par le 5% de la population - estimée alors à 1,5 Mo - à savoir des propriétaires nobles, fonctionnaires et moines " bouddhistes ") servage souvent éhonté, preuve en sont les impôts écrasants et en particulier un impôt sur les oreilles… "

" Dans le Tibet, les prêtres détiennent la toute puissance, il s'agit d'une théocratie authentique où les pouvoirs absolus sont entre les mains d'un dieu réincarné. Les lamas ne sont plus seulement les juges, les instituteurs et les médecins, ils sont encore les plus riches propriétaires fonciers, les chefs politiques; outre les revenus qu'ils retirent des fermiers, ils exigent cadeaux et monnaies pour toute visite rituelle, toute bénédiction, toute cérémonie, la simonie est une loi rigoureusement appliquée...." (elle le fut longtemps aussi et l'est encore par différentes églises chrétiennes – Nd-UBLF).

" Visa pour le Tibet " où Alan Winnington parle du lamaïsme comme d'une " religion mécanique " considérant le travail des classes laborieuses comme dû par simple obligation naturelle à l'égard des moines qui n'hésitent nullement à s'allier aux nobles pour les exploiter d'une manière éhontée. Son constat  sur l'état de pauvreté indigente de la majorité des laïcs est frappant. Les châtiments corporels sont d'une barbarie primaire...

- " l'initiation, voyage chez les derniers lamas tibétains " dans lequel André Chaleil tient des propos analogues: " Et, certes, on s'étonne de constater à quel point le bouddhisme originel agnostique et athéiste a pu se transformer, dans les formes extérieures tout au moins, au contact du peuple tibétain, pour donner lieu à cette religion étouffante tant elle est complexe: le bouddho-tantrisme, autrement appelé le lamaïsme... La théocratie des Dalaï-Lama, elle, se fonde sur une notion religieuse de l'existence, toujours fascinante pour le Tibétain..."

André Padoux consacre un long paragraphe au lamaïsme: (p.372 et s.): dans le livre "Aux sources du Bouddhisme" de Lilian Silburn :

" Mais le lamaïsme a pourtant un aspect propre, car il a accentué certains traits tantriques et, surtout, intégré beaucoup d'éléments appartenant aux croyances qui existaient avant lui (ou ont coexisté avec lui) au Tibet. Ce sont d'ailleurs de tels éléments, parfois à peine boudhéisés, qui, plus que le lamaïsme savant, forment la réalité de la religion tibétaine... Le lamaïsme, en effet, réserve l'activité proprement religieuse aux spécialistes - moines ou ermites - dont les fidèles se bornent à demander l'intervention, sans, le plus souvent, assister eux-mêmes aux rites ou cérémonies, d'ailleurs longs et complexes, ou secrets... Si, toutefois, on ne demande aux fidèles que de faire des dons à l'église et aux pauvres et de mener une vie morale, afin d'accumuler les mérites en vue de renaître dans une existence ultérieure meilleure; seules, en effet, la soumission totale au maître, et surtout la foi, peuvent donner l'élan de tout l'être indispensable pour échapper à l'illusion du moi et atteindre le nirvâna..."

Enfin, William Cerf, dans un récent article de l'Express du 30 juillet 98, écrit :

" Enfin, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, beaucoup d'émules du bouddhisme "postmoderne" se déclarent captivés par les rites tibétains. Il se trouve que le bouddhisme tibétain est une branche très ésotérique, dite Vajrayana ou Véhicule de diamant. Dotée d'un rituel fort élaboré - qui prend pour le coup un caractère résolument religieux - et d'une institution spécifique - la primauté du Dalaï-Lama sur son peuple - la religion tibétaine est très éloignée de l'enseignement originel du Bouddha. Elle recouvre notamment un caractère magique, surnaturel, qui exige une longue initiation..."

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Après avoir donné la parole à ces auteurs (parmi d'autres) qui endossent l'entière responsabilité de leurs propos, revenons au présent. Quand l'actuel Dalaï-Lama, devenu par la force des événements tragiques que l'on connaît, le chef hiérarchique spirituellement et temporellement politique des tibétains - en exil ou restés au pays - argue qu'il n'est qu'un moine bouddhiste, il ne l'est que dans les circonstances où il enseigne et met en pratique les Enseignements initiaux du Bouddha et qu'il s'astreint aux préceptes de la vie monacale énoncés dans le Vinaya, et tout le reste - cérémonials et rituels divers, initiations - n'est du ressort que d'un lamaïsme (terme employé par ADN qui a la particularité d'irriter passablement le Dalaï-lama, et auquel, quoique lama lui-même, il émet de fortes réticences à y appartenir ...) des plus occultes et n'a rien à voir avec le Bouddhisme initial.

Par exemple, l'initiation du Kalachakra (I'initiation la plus haute et subtile, celle de la Roue du Temps, dispensée à diverses reprises par le Dalaï-Lama, in corpore), avec ses cinq étages remplis de divinités (au total 722 ! dont une majeure partie est issue de l'héritage tantrique hindou) n'a rien de Bouddhique, à part exclusivement l'impermanence de sa destruction... Et même s'il se réfère dans le deuxième étage, consacré à la Parole, aux qualités contenues dans l'Enseignement du Bouddha, cet étage accueille néanmoins 116 divinités dont on ne trouve nulle trace dans les soutrâs fondamentaux du Bouddha, ceux-ci excluant toute représentation, même imaginative d'une quelconque divinité.

On oublie trop facilement aussi, preuves et textes à l'appui que le Dalaï-Lama (guélugpa) n'est que le chef, hiérarchiquement, temporel alors que le Panchen-Lama (ou Tachi-lama) considéré comme réincarnation du bouddha Amitâbha, autorité instaurée par le Dalaï-Lama lui-même, est, lui, le second chef spirituel après le Ganden Rigpa, véritable chef spirituel. ADN souligne dans Initiations lamaïques: "Les Dalaïs-lamas, en tant que souverains du Tibet (provinces d'U et de Tsang, celles d'Amdo et du Kham restant semi-indépendantes) sont une création politique chinoise ! " (les Sakyas avaient occupé cette fonction avant d'en être détrônés par les Gélugpas).

Mais, comme la personnalité de l'actuel Dalaï-Lama (originaire de l'Amdo ...), prix Nobel de la Paix, etc. est si impressionnante, on oublie ce point du "canon tibétain" qui existe, bel et bien, depuis plusieurs siècles. D'ailleurs, il est à souligner que les rapports entre ces deux dignitaires n'ont pas toujours été franchement cordiaux, pour ne pas dire hostiles. Il est indéniable qu'à l'instar des autres religions hiérarchisées, la spiritualité est oblitérée par ces "canons hiérarchiques" pesants et figés dans leurs structures et surtout dans l'attachement à la sauvegarde de leurs acquis.

Tous les livres consacrés au Tibet par Alexandra David-Neel, observatrice impliquée, font ressortir objectivement le caractère magique de cette " religion " qu'elle convient d'appeler le Lamaïsme (terme réfuté par le Dalaï-Lama, lui-même, reconnu mondialement nonobstant comme le Lama suprême, confirmé à la tête de ce système religieux) et qui n'a rien de commun ou voire très très peu avec le Bouddhisme.

Tibet5.jpg (10366 octets)Le Tantrisme (comme son vocable l'indique en sanscrit, à savoir: texture, fil tissé horizontalement et verticalement), sous des formes diverses que ce soit les Mantrayâna, Mûdrayâna, Mandalayâna, s'appuie sur des textes pour la diffusion et la propagation d'une connaissance horizontalement dans l'espace et verticalement dans le temps. Son caractère ésotérique et secret provient du fait que la compréhension des rites et de pratiques, à connotation occulte et magique en vue de l'obtention de pouvoirs et de la mise à disposition de divinités et de forces extra- ou sur-humaines, exige un esprit apte, disposé et formé par un enseignement spécial, d'où déjà au départ une nuance certaine de sélectivité, peu compatible avec la compassion universelle...

Ce tantrisme est un mélange issu de l'Hindouisme importé, du Taoïsme et du Bön préexistants; de ce fait, il n'a que des rapports très infimes avec le Bouddhisme initial et essentiel, sinon aucun. Ne pas oublier aussi que le clergé, de quelque religion que ce soit, a toujours cherché à frapper l'imagination de ses ouailles pour mieux exercer son pouvoir temporel; dans ce cas précis, toutes ces divinités sont des Rappels à l'ordre... La lecture de son fort intéressant "le Bouddhisme de Bouddha" est à recommander chaudement pour clarifier les idées.

Comme l'explique fort bien Alexandra David-Neel, et comme le confirmait le très vén. Kalou Rinpoché, et comme vient de le répéter récemment le vén. Dhagpo rinpoché,  tous deux maîtres authentiques, il est impératif d'avoir de solides notions de base du Bouddhisme, voire excellentes, que ce soit du Théravâda et du Mahâyâna, avant que de vouloir ou même d'arriver à s'immiscer dans le dédale des pratiques tantriques tibétaines; pratiques exclusivement praticables et efficientes, d'une manière stabilisante, par et pour des personnes qui ont fait preuve de patience et de persévérance dans leur apprentissage de ces connaissances bouddhiques précitées, indispensables à l'acquisition des niveaux de conscience et de discernement adéquats. Cela exige de  fort nombreuses années d'écoute, de travail, de formation continue, sans aucune précipitation, ni velléité de résultats immédiats et tangibles. Le Bouddhisme n'est pas et ne sera jamais un "Fast-food spirituel" dans le "Méga-souk du spirituel Business "qu'on en soit pleinement conscient !

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Sâdhana tient sincèrement à souligner que le Bouddhisme "tibétain", dans ce qu'il a de réellement et authentiquement bouddhique et qui est ou devrait être la majeure partie de ses enseignements, ce Bouddhisme est très riche en méthodes explicatives judicieuses, pertinentes et favorables au Chemin vers l'Eveil, voire éminemment profitables pour toute personne en recherche de la compréhension de son Intérieur.

Le séjour (1997) du Dalaï-Lama en France, à Karma-Ling, a été consacré aux 4 Nobles Vérités, son enseignement fut remarquable, authentique dans son explication et d'une très haute spiritualité, non tantrique. Ce qui prouve qu'il peut dispenser un enseignement de très grande valeur bouddhique et surtout très dépouillé, parce que donné sur des bases "originairement" essentielles.

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Alors, eu égard à la fascination des multiples facettes du Bouddhisme, himalayennes de surcroît, bien discerner entre Bouddhisme originel et fondamental et ce qui n'est que purs rituels et pratiques tantriques, voire magiques. Ne pas les attribuer au Bouddhisme, les laisser attribuer ou s'en laisser convaincre, en succombant même naïvement à certains rires et sourires!

Ce qui fait que Sâdhana ne se porte nullement en contre du Bouddhisme tibétain, tant qu'il n'impose pas aux intéressés ou adeptes occidentaux, de quelque manière que ce soit:

- une imitation de rituels exotiques et abscons qui n'appartiennent en aucun cas à l'inconscient, ni collectif ni individuel, occidental, imitation condamnée par le Bouddha lui-même dans ses derniers soûtras,

- des initiations pour lesquels la majorité des "fidèles en puissance" ne sont nullement ni véritablement préparés, ni pré-disposés dans leurs inconscients collectif et individuel, dans un premier temps, à affronter les énergies y afférentes, énergies qui n'appartiennent nullement à la culture spirituelle et religieuse occidentale, ni  ensuite à véritablement les gérer pleinement et/ou harmonieusement dans un second temps.

- enfin l'apprentissage du tibétain, pour "mieux comprendre l'essence spirituelle" des rituels et enseignements. Leurs "correspondances" traduites n'en restent pas moins grevées référentiellement d'une empreinte linguistique judéo-chrétienne sous-jacente culturellement. Il en va de même pour les gens qui apprennent le sanscrit, le pâli, le chinois, le japonais ... pour mieux se pénétrer de la "susbstantifique moëlle sémantique" des soûtras, intellectualisant à souhait la compréhension et la mise en pratique de et selon l'Esprit du Bouddha, qui n'en requièrent pas tant, loin de là ! 

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NdlR: Au fait combien de bouddhistes en sont pleinement conscient lors de la récitation soit du Chom dän dä ma she rap kyi ..., soit du Mahâ Prajñâpâramitâ soûtra ou du Maka Hanna Haramita Shingyo ...? (différentes appellations ce que l'on a, abusivement, dénommé le soûtra du Coeur, alors que le juste vocable en est soûtra de l'Essence de la Perfection de la Sagesse suprême).

C'est pour cela que nous le récitons à chaque méditation  au Centre " la Paix de l'Esprit " en français, et non dans quelque imitation exotiquement linguistique avalisant la "soif d'un inextinguible dépaysement" ou l'auto-satisfaction éruditionnelle "d'intellos spirituels"; ceci afin d'en imprégner profondément notre conscient et notre inconscient qui s'y retrouvent pleinement et essentiellement. Sans vouloir faire d'extrapolation, rappelons que le concile Vatican II avait prôné un retour à la langue autochtone, voire l'idiome, pratiqués par les fidèles, faisant fi du sempiternel "latin d'église" ...

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Pour conclure, il y a, comme partout, une floppée de little-feet gurus manipulateurs séduisants, avides ou imbus de notoriété et quelques vrais maîtres authentiques ; ces derniers sont rares et discrets, en dépit du fait qu'ils sont très recherchés. Parmi ceux-ci, un grand maître tibétain, en visite dans un monastère tibétain en Occident, fut pressé avec insistance, par des adeptes occidentaux, de donner des enseignements sur le Bouddhisme tibétain. Comme il s'y refusait avec beaucoup de gentillesse, il lui fut demandé de s'expliquer sur son silence. Il répondit en souriant:

"Je suis venu pour voir les moines, mes compatriotes et coreligionnaires bouddhistes et leur enseigner le bouddhisme tibétain. Or, vous, chers amis occidentaux, vous n'êtes ni mes compatriotes, ni mes coreligionnaires ! Donc, je ne puis vous enseigner le bouddhisme tibétain... Par contre, les paroles du Bouddha vous concernent tous et c'est le seul enseignement que je puisse authentiquement vous dispenser."

A vous d'apprécier l'honnêteté de cette réponse...

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